La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance

Il y a longtemps, les super-héros régnaient sur l’Europe. Avant la Seconde Guerre mondiale, avant que les Américains ne s’en emparent et que les Européens ne les oublient. Près d’un siècle plus tard, La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance nous raconte leur retour.

Ce pavé de bande dessinée – 260 pages, plus les annexes – est donc une suite de La Brigade Chimérique originale, ainsi que de Masqué. L’histoire est centrée sur le professeur Charles Dezniak, dit Dex, un des rares à connaître – et à étudier – l’existence de « l’Hypermonde », le monde de ces héros.

Confronté à la menace d’un homme-rat qui hante les souterrains du Métro, le sous-préfet du Grand Paris lui confie la mission de retrouver un des héros de cette époque: Jean Lebris, dit L’Homme Truqué. Et ce n’est que le début de l’aventure!

On retrouve, au scénario, Serge Lehman, mais c’est Stéphane De Caneva qui succède à Gess pour les dessins, avec Lou aux couleurs. Le style est beaucoup plus « réaliste » – voire photoréaliste – que pour la série originelle, plus proche de celui de Masqué. Je ne suis pas superfan de ce style, mais ça passe.

La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance est, à mon avis, une œuvre assez unique dans la bande dessinée francophone. Elle poursuit et complète le dessein de l’œuvre originelle, à savoir de remettre en lumière des héros oubliés de la littérature populaire (le « merveilleux-scientifique », ancêtre de la science-fiction) du début du XXe siècle, mais aussi de construire avec ce matériau un univers commun, l’Hypermonde.

Mais cette histoire propose également une mise en abyme entre fiction et réalité. Dans le monde de la Brigade Chimérique, les héros dont il est question ont réellement existé et ont eu des biographes qui racontaient leurs aventures.

Ici, on a même une passerelle avec l’univers des comics, puisque plusieurs des héros français qui, en 1939, quittent l’Europe pour les États-unis, y deviennent des stars des premiers comic-books. Sans oublier l’épilogue – surtout la dernière case – qui, en quelque sorte, boucle la boucle.

Dans sa forme et dans son propos, La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance me rappelle beaucoup Planetary, de Warren Ellis et John Cassaday. On a – au début, en tout cas – la même idée de personnages qui font des recherches sur un passé légendaire, ainsi que les différentes (ré)incarnations des héros sous diverses formes.

Les pages sont d’ailleurs truffées de références, détournements et autres clins d’œil, que Serge Lehman se fait d’ailleurs un plaisir de décortiquer dans sa postface. Je noterai que Greg, l’assistant de Dex, a le même t-shirt Magma que moi. Ça crée des liens.

Quelque part, l’intrigue principale de La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance marque presque le pas par rapport à cette thématique. Pourtant, c’est elle qui va agir comme un catalyseur pour la réapparition des héros.

Pour le cas où cette chronique ne rendait pas cette conclusion évidente, je vous le dis tout net: cette BD m’a bluffé. C’est plus qu’une simple histoire de super-héros « à la française », c’est une fenêtre ouverte sur tout un pan de la culture populaire complètement oublié pendant plus de cinquante ans, mais aussi une réflexion sur les mécaniques de cette même culture populaire.

À l’heure où l’univers cinématique Marvel est en train de réécrire pas mal de choses sur la façon de raconter les histoires, c’est aussi une œuvre qui mérite qu’on s’y attarde.

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5 réflexions au sujet de “La Brigade Chimérique: Ultime Renaissance”

  1. Ah! il me tente beaucoup ce volume en BD. Mon porte-monnaie n’est pas à la hauteur de mes désirs… Je verrai s’il est dispo en médiathèque.

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  2. J’ai littéralement adoré la première itération de Brigade Chimérique. Et j’ai lu les premières pages de celle-ci….ça commençait bien jusqu’à l’agression dans le métro par des jeunes de banlieue, j’ai trouvé cela tellement réac et véhiculant des clichés malsains (comme certain propos de Lehman) que j’ai mis en pause la BD de peur d’être déçu. Je reprendrais ma lecture un jour c’est sûr.

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    • Ah oui, je comprends, même si je n’ai pas perçu ça ainsi. Cela dit, les “clichés des banlieues”, à la fin, sont plutôt positifs.

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