Keor: Tearoom

La vie d’un chroniqueur musical n’est pas toujours faite que de coups de cœur. Il y a aussi ces albums un peu frustrants que l’on aimerait pouvoir aimer plus. C’est le cas de Tearoom, le nouvel album de Keor.

Je vous fais grâce de la graphie tout en majuscules, ça agace mon graphiste intérieur.

Keor, c’est le projet du musicien français – du Sud-Ouest, encore un! – Victor Miranda Martin. Entre rock-prog instrumental et prog-metal foisonnant et déconstruit, à la Devin Townsend, agrémenté de narrations, ses albums ont un côté « promenade musicale ».

Tearoom est un album plutôt court, avec trente-huit minutes divisées en sept pistes, qui vont de l’intro narrative de trente secondes à l’epic de douze minutes, mais avec un découpage un peu bizarre.

En fait, le découpage est peut-être le truc le plus bizarre de l’album – comme l’avait d’ailleurs remarqué le chroniqueur vidéo Notes Review.

En fait, Tearoom a un très net côté « stream of consciousness », comme on dit en anglais. Plus qu’une promenade, c’est comme si on suivait le cheminement mental du protagoniste, alter-ego de l’auteur. Un cheminement pas toujours très cohérent.

Je me souviens avoir eu un peu de mal à entrer dans Petrichor et j’ai l’impression que Tearoom est encore plus dans l’expérimental. Du coup, c’est peut-être là le plus gros défaut de cet album: il manque de cohérence. C’est sans doute prévu ainsi, mais pour moi, ce n’est pas toujours très heureux.

Je veux dire, une piste comme « Warlike » qui commence en prog-metal townsendien pour passer en mode world-music, c’est surprenant, mais un peu toutes les pistes de l’album sont comme ça. Il y a une partie vers le milieu de « Learning God » qui me fait même penser à la fin de Amarok, de Mike Oldfield.

Alors d’une part, Keor propose un foisonnement artistique impressionnant, avec des aspects très maitrisés (notamment au début de « Learning God »), mais d’autre part il a tendance à balancer ça un peu comme ça lui vient.

Pour poser une référence de vieux, j’ai l’impression en écoutant Tearoom de lire la version musicale du Livejournal d’un post-ado en pleine crise existentielle.

J’admets que, posé comme ça, ça ne vent pas du rêve. Et c’est un peu le souci: musicalement parlant, Keor fait de très belles choses et le concept derrière Tearoom est intéressant. Mais la forme choisie n’est peut-être pas la plus adaptée pour un album musical.

Je suis donc un peu emprunté pour donner un jugement définitif sur Tearoom. Le mieux, c’est peut-être de lui consacrer une écoute – plusieurs écoutes, en fait. Ce qui est d’autant plus facile qu’il est disponible sur Bandcamp à prix libre (et aussi en streaming sur YouTube).

Bonus: la non-vidéo de « Blossom »

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1 réflexion au sujet de « Keor: Tearoom »

  1. Pareil. Autant Petrichor m’avait emballé, autant je ne suis pas rentré dans Tearoom. On l’avait reçu en promo et j’ai fait l’impasse cette fois.

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