Kaatarakt / Aktarum / Abinchova / Moonsorrow à Orbe

C’est l’histoire d’une soirée originellement prévue à Saint-Maurice: Moonsorrow en concert, avec Kaatarakt et Abinchova. Déplacée à la Cantine du Puisoir d’Orbe, le concert accueillera finalement quatre groupes, avec les Belges d’Aktarum.

Orbe n’est pas exactement une des « métropoles » romande du rock et du metal. La Cantine du Puisoir est une vieille grange aménagée, plus habituée à accueillir des kermesses ou des lotos. Un ami qui habite Orbe m’avait prévenu: c’est au milieu d’une prairie à vaches et dans une zone inondable.

Moonsorrow (black/pagan/folk-metal, Finlande) en concert au Puisoir d’Orbe, le 21 septembre 2019. Cinq minutes avant l’arrivée du groupe. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Bon, c’est un peu exagéré: la salle est à côté d’un stade de foot, certes au bord d’une rivière, mais c’est plutôt sympa. Et l’intérieur, tout en bois peint, a un aspect très roots, tout à fait dans l’ambiance pour une soirée pagan/folk/metal – surtout un jour d’équinoxe.

Avantage, la Cantine du Puisard n’est pas très loin de la gare. Désavantage en question: la gare en question est celle d’un de ces tortillards à voie unique dont la Suisse a le secret. Moi j’aime bien, mais ça aussi, ça fait roots. Et je ne vous parle pas de la méchante rampe pour y accéder: à l’aller, ça descend, donc ça va, mais au retour, après six heures de concerts dans les pattes (sans parler des bières), c’est un peu brutal.

Lorsque j’arrive et que je découvre la salle, le public est moins nombreux que je ne l’aurais pensé. Ça fait un peu pique-nique avec les food-trucks. Et, comme le programme est chargé, on commence tôt.

Kaatarakt à Orbe
Kaatarakt (folk-metal, Suisse), en concert au Puisoir d’Orbe, le 21 septembre 2019. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Ce sont les Genevois de Kaatarakt qui ouvrent, à l’heure ingrate où le soleil est encore bien présent. Le groupe, où officie Malo « Cân Bardd » Civelli, se tortille en tenue médiévale pour caser ses six musiciens sur une scène très encombré, et se lance dans un set de 45 minutes de folk-metal.

Je le avais déjà vus au Wild Boar Fest, il y a longtemps, mais je n’avais pas le souvenir que c’était aussi mélodique. En tout cas c’est bien sympa, plutôt remuant et très enlevé. Même peu nombreux, le public leur accorde un bon accueil.

Aktarum à Orbe
Aktarum (folk-metal, Belgique) en concert au Puisoir d’Orbe, le 21 septembre 2019. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Un changement de set plus tard, Aktarum, formation wallonne, vient aussi proposer un folk-metal mélodique et festif, en tenues médiévales. Enfin, quand la bande-orchestre ne fait pas des siennes… Petite curiosité: le chanteur s’affiche avec une keytar. Vous me direz, ce n’est pas très médiéval, mais les guitares électriques non plus.

Je ne sais pas si c’est l’influence de Trolls et Légendes, ou de la Cuvée des Trolls, mais ces créatures sont un peu au centre de leurs histoires. Et, quand je dis que c’est festif, il faut comprendre que le groupe emmène son petit monde avec enthousiasme. Résultat: ça commence à pogoter dans les rangs, même clairsemés.

Abinchova à Orbe
Abinchova (death-metal, Suisse) en concert au Puisoir d’Orbe, le 21 septembre 2019. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

La nuit est enfin tombée et c’est au tour d’Abinchova, groupe de Lucerne. La formation empile pas moins de sept musiciens sur l’espace, toujours aussi exigu, ce qui à mon avis est limite abusé, mais passons. Signalons que c’est le seul groupe de la soirée à tenter de rétablir un semblant de parité, avec deux musiciennes sur scène. Et c’est aussi le seul à s’afficher en « civil » et sans maquillages barbares.

Histoire de « faire mes devoirs », j’avais rapidement écouté leur album d’une oreille distraite et je n’avais pas été très convaincu par leur death-metal mélodique. Par contre, en live, c’est mieux. Comme dans « vraiment bien ». Emmené par un chanteur très énergique (et qui s’adresse au public dans un français excellent), le groupe enchaîne les morceaux blindés d’énergie.

Moonsorrow à Orbe
Moonsorrow (black/pagan/folk-metal, Finlande) en concert au Puisoir d’Orbe, le 21 septembre 2019. Photo: Stéphane Gallay, sous licence Creative Commons (CC-BY)

Enfin, il est 21 h 30 et les Finlandais de Moonsorrow investissent une scène plus dépouillée. Dans le même temps, le public – probablement très occupé à piller la baraque à frites belges – se décide à apparaître et la salle se remplit enfin. Oh, environ à moitié, mais c’est suffisant pour faire beaucoup, beaucoup de bruit.

C’est le départ pour un autre niveau de réalité. Entendons-nous bien : les autres groupes n’ont de loin pas démérité, mais Moonsorrow, c’est un autre ordre de magnitude question intensité.

Le groupe déploie ses très longues compositions ou se mêlent black-metal et pagan-folk, guitares mordantes, claviers atmosphériques et chœurs. Pas besoin d’ailleurs de comprendre le finnois: il suffit de reprendre les chœurs. Ce que le public fait avec enthousiasme.

Question énergie, les cinq musiciens en connaissent un rayon, surtout Mitja Harvilahti à le guitariste. Au reste, il y a dans le public de nombreux fans qui ont fait le déplacement parfois de fort loin, attirés par la promesse de deux heures de show de leur groupe préféré – promesse tenue, donc.

Pour ma part, même en ne connaissant que le dernier album, j’ai été happé par l’intensité de ce concert. Moonsorrow, c’est déjà impressionnant en album avec ce mélange entre black-metal old-skool à la Bathory (période Twilight of the Gods) et pagan-folk, mais c’est encore mieux sur scène.

Les lumières s’éteignent à l’heure prévue – 23 h 30, juste le temps de presser le pas pour rejoindre la gare et le dernier train, qui part à 23 h 47. J’avoue que j’avais quelques doutes au départ, mais c’est au final une excellente soirée, avec quatre groupes au taquet (enfin, trois au taquet et un au turbo-taquet).

Je pourrais pinailler sur quelques détails, comme un éclairage un peu faiblard en façade (ça, c’est le photographe qui râle) et des vocaux pas très présents si on était sur le devant de la scène (ça, c’est le fanboy qui râle). Mais ce serait pinailler. C’était vraiment très bien.

Ma galerie de photos sera sur Flickr une fois que j’aurai fini de trier les 2 400 clichés pris dans la soirée. Un jour, j’apprendrai à être raisonnable, mais pas ce soir. EDIT: c’est fait!

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