Jour J, tome 26: “La Ballade des Pendus”

Un ambassadeur arrive en terre de France pour assister à un conseil qui décidera du futur roi; il aura bien besoin d’une escorte, celle de Jeanne et de sa Compagnie blanche. Car, en cette année 1473, dans une Europe en proie à une Grande Peste qui a vidé des villes entières et poussé les croyants vers l’hérésie, le danger est partout,

Cette Ballade des Pendus, vingt-sixième tome de la série de bande dessinée uchronique Jour J, plonge le lecteur dans un Moyen-Âge plus sombre et violent que jamais. Et aussi dans quelques abîmes de perplexité, pour peu qu’il soit un chouïa historien.

Commençons par les bons côtés: La Ballade des Pendus est une histoire bien écrite et bien dessinée, dans un contexte (a)historique intéressant. Une épidémie de peste bubonique bien plus virulente qu’historiquement a fait – et fait encore – des ravages en terre de France et l’ambassadeur dont il est question arrive du puissant Empire du Mali, devenu une puissance majeure en Méditerranée grâce à l’or du Ghana.

Là où ça coince quelque peu, c’est quand on mentionne l’existence du “Dieu vert”. Dans beaucoup de lieux, les croyants ont abandonné la Chrétienté pour cette divinité – qui se trouve être Papa Legba. Or, si le vaudou est effectivement une religion native d’Afrique de l’Ouest, je n’ai pas réussi à en trouver de mention historique avant le XVIe siècle.

Du coup, trouver un tel culte si profondément implanté auprès de populations somme toute très différentes culturellement de celles du Dahomey (l’actuel Bénin) est surprenant. Surtout qu’une autre religion, bien plus proche de la religion chrétienne – l’Islam – n’est absolument pas mentionnée. Peut-être que l’auteur a ses sources, mais ça fait gros comme effet papillon.

Il est vrai que La Ballade des Pendus fait, curieusement, l’impasse sur ce qui est d’habitude le cœur d’un contexte uchronique: le point de divergence (ou POD pour les anglophones). On sait seulement que, plus d’un siècle auparavant a été signé une “grande alliance”, apparemment entre le Mali et la France.

Quant à la référence au texte, comprise dans le texte, elle se décline dans l’histoire, d’une part par Jeanne – écho de l’autre pucelle – et sa compagnie, promis au gibet et acteurs malgré eux d’une sinistre conspiration; d’autre part par François Villon lui-même, dans un rôle qui, tout bien réfléchi, n’est pas si surprenant.

Malgré les aspects un peu Alien Space Bats de l’uchronie, j’ai trouvé cette histoire plutôt bien faite. Avec – pour une fois, dirons les mauvaises langues – un dessin de bonne tenue signé Lajos Farkas. Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard sont toujours à la plume, comme d’habitude.

À noter que cette histoire va faire l’objet d’une suite, intitulée Le Dieu vert. Peut-être en saura-t-on alors plus sur les réelles raisons de ces divergences.

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