« Infinite Detail », de Tim Maughan

Quelqu’un, dans un futur proche, a éteint Internet. C’est l’événement central du roman de Tim Maughan, Infinite Detail. Central, parce qu’il se passe à la fois avant et après l’événement (et un peu pendant, aussi). C’est une histoire de technologie, de lieux, mais surtout de gens.

On y suit, en alternance, Rushdie « Rush » Mannan, un hacker génial, journaliste et lanceur d’alerte, qui rend visite pour la première fois à son crush à New York et qui constate la dépendance de ses contemporains envers la technologie, technologie accessible le plus souvent par des « spex », des lunettes à réalité augmentée.

Dix ans plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique, il y a Mary, une jeune fille qui voit des fantômes dans un Bristol post-apo dominé par une armée britannique qui s’est substituée à l’état, tant bien que mal. Puis Anika, qui cherche à soutenir les dernières poches de résistance anti-armée.

Plus encore que l’événement apocalyptique – littéralement, puisqu’il révèle la dépendance du monde moderne envers une infrastructure fragile et centralisée – il y a Bristol et, plus précisément, la communauté de Stokes Croft, un quartier d’artistes transformé en no man’s land technologique par Rush et d’autres.

Infinite Detail est un de ces romans-chroniques à la Cory Doctorow. Ce n’est pas un hasard si je l’ai découvert grâce à sa recommandation sur Boing Boing. J’entends par là qu’il n’y a pas vraiment d’intrigue. L’histoire, c’est en fait l’Histoire: comment et pourquoi les choses se sont passées.

Ou, pour être plus précis, comment les choses pourraient se passer. Car avec Infinite Detail, Tim Maughan nous parle tout autant de notre monde contemporain, de notre propre dépendance à la technologie et d’à quel point l’effondrement de l’économie globalisée bouleversaient radicalement nos vies.

Même si le contexte est souvent passionnant (comme ici), ce genre d’ouvrage me laisse toujours un sentiment de frustration. Quand on me vend un roman, j’attends une trame, un ou plusieurs personnages qui se croisent, mais qui surtout qui suivent une narration raisonnablement claire.

Ici, on a surtout les destins de personnages ballotés par une catastrophe majeure et qui essayent de survivre et de se reconstruire, voire de redonner l’espoir d’un monde nouveau. Quelque part, c’est logique: quand la civilisation s’effondre, c’est sans doute ce qui se passe, mais ça ne fait pas vraiment ce que j’appellerais un « roman ».

Cela dit, j’ai bien aimé la lecture de Infinite Detail. Les personnages sont intéressants, même si certains mériteraient d’être plus développés (notamment Rush, qui fait pas mal de trucs, sans qu’on sache trop d’où il vient et ce qui le motive). Comme mentionné, le contexte est passionnant, surtout ce qui se passe au moment de l’effondrement et dix ans plus tard.

Ah, et les fantômes de Mary ont un explication rationnelle et plutôt bien vue. Littéralement.

Bref, Infinite Detail est un bon bouquin, qui intéressera peut-être plus les futurologues que les amateurs de narration taillée au cordeau. Certes, il se passe des choses, mais on ne frissonne que rarement pour le devenir des protagonistes.

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3 réflexions au sujet de “« Infinite Detail », de Tim Maughan”

    • Non. La réponse est en fait toute simple et je pense que tu peux la déduire de ma chronique.

      Mais j’avoue qu’à la lecture, je me suis longtemps demandé si c’était du lard ou du cochon et qu’au moment de l’explication, j’ai failli me donner des baffes tellement ça paraissait évident après coup.

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