“Here Comes Everybody”, de Clay Shirky

Ce n’est pas tous les jours que je me retrouve à chroniquer un ouvrage que je lis dans le cadre du boulot. Bon, déjà, j’en mets en page plus que je n’en lis, mais, dans le cas présent, Here Comes Everybody de Clay Shirky, spécialiste des réseaux sociaux et de leurs implications, rejoint à la fois une partie de mon travail et un intérêt personnel depuis, oh, à peu près le temps de mes premiers pas sur Internet. Ne cherchez pas: il y avait encore une Union soviétique à l’époque.

J’aimerais bien vous dire que c’est le bouquin le plus simple qui existe pour comprendre Internet et les réseaux sociaux – et, surtout, le faire comprendre à votre patron (celui qui vous a demandé de copier Internet sur une disquette). Ce n’est hélas pas trop le cas: Here Comes Eveverybody a beau ne faire que 320 pages, c’est quand même du dense, avec un caractère pédagogique évident, mais qui gagnerait à être sérieusement condensé pour prétendre au titre de “les réseaux sociaux pour les nuls”.

Bon, c’est un peu son seul défaut et, pour tout dire, il ne serait rédhibitoire que s’il y avait tromperie sur la marchandise. Le but du bouquin est plutôt d’expliquer en détail les mécanismes sociaux qui sous-tendent les réseaux sociaux, à travers ses réussites (Wikipedia, Meetup et autres), mais également par ses échecs (le Wikitorial du LA Times, par exemple).

Un des thèmes que présente l’auteur, c’est le principe de “promesse, outil et marché”: en gros, un site ne fonctionne que s’il promet quelque chose d’intéressant, tout en fournissant les outils pour le faire et ce pour un “coût transactionnel” minimum. La notion de coût transactionnel est d’ailleurs aussi centrale aux réseaux sociaux, puisque la base est justement de permettre des interactions à moindre coûts. C’est la règle du “publier d’abord, filtrer ensuite”.

Dans l’ensemble, c’est très convainquant et plutôt bien écrit, même si un certain nombre de thèses auraient pu être expliquées tout aussi bien en moins de mots (et avec moins de répétitions). Les exemples sont bien entendu très américano-centrés, mais ce n’est au final pas très gênant, principalement parce que si on s’intéresse aux sujet, c’est une culture qui est bien connue.

Par certains côtés, j’ai trouvé qu’il aurait pu aller plus loin, notamment sur la question de l’impact de tels réseaux sur des systèmes avec des dogmes fortement établis, comme les églises (un des exemples est le combat de Catholiques américains contre le scandale des prêtres pédophiles couverts par l’Église). C’est un sujet qui m’intéresse particulièrement, notamment pour ce que j’avais appelé un temps la schizophrénie des réseaux sociaux.

Disons les choses ainsi: s’il vous faut un texte rapide pour convaincre un type genre cadre à cravate (ou à tailleur, je ne suis pas sectaire), allez plutôt voire le Cluetrain Manifesto ou Un monde de bouts (ça tombe bien: la version française est hébergée ici). Par contre, pour une discussion plus approfondie sur comment fonctionnent les réseaux sociaux (et comment ils ne fonctionnent pas), Here Comes Everybody est un plutôt bon bouquin.

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