« Fable: La Quête de l’Oiseau noir », de Lucien Vuille

Le parti-pris éditorial de ce blog, c’est de parler des trucs que j’aime. Il y a des exceptions et, malheureusement, La Quête de l’Oiseau noir, premier tome de Fable, de Lucien Vuille, en est une.

Je dis « malheureusement », parce que Lucien est un collègue tri-classé auteur-rôliste-suissse romand et un peu plus qu’un simple contact Facebook. De plus, la couverture est signée par une artiste talentueuse que j’ai l’honneur de connaître, Audrey Molinatti. Il est publié par Stellamaris, là encore un éditeur que j’aime plutôt bien (c’est celui du roman Les Chants de Loss, notamment). Et, enfin, parce que ce bouquin commençait plutôt bien.

La Quête de l’Oiseau noir raconte les destins croisés de plusieurs personnages qui vont se croiser à la recherche d’un « oiseau noir » qui pourrait sauver le royaume.

Il y a là, presque par ordre d’apparition dans le récit, Alis, une jeune aventurière qui aime bien taper sur des trucs, Vasvo, un voleur reconverti en barde, Énok, un détective, le chasseur Josk et son pote nain Crâne-Lard, un orque érudit du nom de Paulain et une jeune prêtresse, Dardaumiel. Entre autres.

L’histoire de Fable se déroule dans un royaume med-fan quelque peu loufoque. D’ailleurs, il y a des Terres du Loup et je ne serais pas étonné s’il y avait aussi des Terres du Phoque; ça serait assez le style.

Le souci, c’est que si c’est plutôt bien construit, il y a pas mal de trucs qui surgissent de nulle part sans logique apparente. Et puis franchement, ce genre de pastiche med-fan, je n’accroche pas.

Et non, avant que vous ne me le demandiez: je n’ai pas lu les Annales du Disque-monde de Terry Pratchett. Et je n’ai pas l’intention de le faire, non plus.

L’autre souci de cette Quête de l’Oiseau noir, c’est la profusion des personnages. J’en ai cité sept, mais il y en a facilement encore autant dans les personnages un tant soit peu importants, sans compter les seconds rôles. Ça fait beaucoup – lire: « trop ».

De plus, ces personnages ne sont pas vraiment liés les uns aux autres, les groupes se font et se défont un peu trop souvent à mon goût. Pour résumer, c’est facile de perdre le fil.

Et puis il y a pas mal de problèmes « techniques » dans ce roman. J’entends par là qu’il y a pas mal de coquilles, que ce soit des problèmes d’orthographe ou un formatage un peu hasardeux. Par exemple, au niveau des dialogues: j’ai repéré quelques instances de dialogues qui n’en était pas, et réciproquement.

C’est peut-être mineur – et, très franchement, j’ai déjà lu bien pire – mais ça n’aide pas à la compréhension d’une intrigue quelque peu touffue dans un style qui ne vous parle pas.

Ceci posé, il y a quand même des trucs sympas dans La Quête de l’Oiseau noir. Déjà, il est bien écrit: l’auteur sait s’amuser avec la langue française, voire la langue suisse romande. J’approuve.

Le parti-pris initial de raconter l’histoire comme si c’était effectivement une fable, un texte retrouvé par un érudit au fin fond d’une ruine antique, permet à Lucien Vuille de jouer avec des notes de bas de pages et des références absconses. On a également droit à quelques commentaires amusants en exergue de chaque chapitres.

Et puis les personnages sont plutôt marrants. Entre la guerrière mono-orientée et son défaut qui aura une importance capitale vers la fin, l’orque non-violent au parler précieux, plus les reconversions professionnelles inattendues de deux des personnages, on a là une belle galerie de PJ.

Reste qu’au final, j’ai eu pas mal de difficultés avec La Quête de l’Oiseau noir. Il y a certes pas mal de critères qui sont purement subjectifs et de l’ordre de « moi j’aime pas le med-fan » et quelques autres qui devraient être résolus avec une solide relecture.

Mais, en l’état, j’ai un peu de mal à le recommander. Je suppose que c’est une histoire qui plaira plus aux amateurs de fantasy pratchettienne. À noter qu’il y a pour le moment trois tomes à Fable, le deuxième s’intitulant Les Deux Princes et le troisième Les Trois Rubis rutilants.

D’autres avis chez Julien Hirt (qui a beaucoup aimé) et chez Le pouvoir d’écrire (idem).

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5 réflexions au sujet de “« Fable: La Quête de l’Oiseau noir », de Lucien Vuille”

  1. “Et non, avant que vous ne me le demandiez: je n’ai pas lu les Annales du Disque-monde de Terry Pratchett. Et je n’ai pas l’intention de le faire, non plus.”

    Euh… sérieusement? Autant les 3-4 premiers sont assez moyens, dans la veine “tout pour la déconne branlante” à la Monty Python, autant Pratchett a gagné une superbe plume avec l’expérience. La plupart des bouquins après les premiers oscillent clairement entre le bon et le pur génie, notamment les épisodes avec les sorcières ou le Guet d’Ankh-Morkpork. Sincèrement, je pense que c’est un manque significatif à ton carquois… et puis, y a que les imbéciles qui changent pas d’avis, naaan?

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    • Ce sont des bouquins qui sont arrivés à un moment où je sortais d’une overdose de mad-fan.

      Aujourd’hui, si la série commençait, je me laisserais peut-être tenter, mais la seule perspective d’attaquer une saga d’une trentaine de bouquins ne m’enthousiasme pas du tout.

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      • L’avantage, c’est que c’est pas une saga 😉

        Les 3 premiers se suivent, oui, mais ensuite chaque bouquin est indépendant. Bien sûr faut quand même lire ceux qui sont liés par un même thème dans l’ordre, parce que événements ou personnages, mais c’est pas un titan à se taper d’un coup du tout. Enfin bref, prends le risque un jour, au pire tu me diras que c’était nul et que tu m’en veux 😀

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        • Le meilleur sous-cycle à lire si on aime pas le côté loufoque de Pratchett, c’est celui de Vimaire, le plus sombre et le plus adulte, qui commence par “Au guet !” mais atteint son plein potentiel avec “Jeux de nains” et “Coup de tabac”. Mais Pratchett étant un petit peu extrême, le mieux je crois serait de prendre d’autre classiques en fantasy humoristique (parce que n’en déplaise aux puristes, ça existe) : “La Porte des Abysses” a reçu des retours variables, mais “Kings of the wyld” a fait l’unanimité.
          Sinon vu tout le metal que t’écoute, je pensais que t’aimais davantage le med-fan ? meurt foudroyé pour avoir dit l’un des trucs à ne jamais dire à un métallo

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          • Net que toute la série liée au Guet, c’est ma préférée et de loin. Vimaire et ses “hommes” sont vraiment des persos qui arrivent à être attachants dès le premier tome, et qui ne font que s’améliorer. Je trouve que le Guet, c’est un peu la série qui met une bonne dose de cohérence dans le ‘réalisme’ de cet univers, et effectivement le côté plus sombre, sans excès.

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