Dossier A.

Ça faisait un moment que l’envie me démangeait de vous parler de Dossier A., un manga contemporain de Osamu Uoto (dessin) et Toshusai Garaku (scénario) qui parle d’archéologie, d’assassins et d’Atlantide. La série étant désormais terminée, je m’y lance.

Déjà, c’est une des rares séries japonaises que je suis – enfin, suivais, parce qu’elle vient de se conclure avec son quinzième tome – et, en plus, c’est une sorte de monument pour ceux qui s’intéressent à l’histoire, à l’archéologie, à l’occultisme et aux légendes.

C’est bien simple: je soupçonne que “Toshusai Garaku” se traduit en anglais par “Kenneth Hite”; oui, comme l’auteur de Suppressed Tramsmissions. Car Dossier A n’est pas exactement une histoire à la façon de L’Énigme de l’Atlantide, de Edgar P. Jacobs, ou d’une bobmorannerie quelconque: c’est une enquête documentée par un colossal corpus académique et légendaire.

On va donc suivre les péripéties de Iriya Shudo, archéologue japonais reconverti dans le commerce d’antiquités après son implication dans un scandale considérable. Il est contacté par la fille d’un industriel autrichien, qui l’engage pour continuer les recherches de son père, passionné par l’Atlantide et mort dans des circonstances troubles.

Car l’Atlantide est un secret que certaines personnes préfèrent garder secret et, pour cela, elles n’hésitent pas à utiliser des méthodes que l’on pourrait qualifier pudiquement de radicales. Du coup, Iriya va se lancer dans des pérégrinations à travers le monde – Allemagne, Espagne, Chine, Japon, Îles Canaries, Maroc, Chypre… – avec, dans l’ombre, un groupe mystérieux qui ne veut pas le voir réussir.

Quand je parle d’une documentation massive, il faut voir que l’on a droit à des citations venant de Platon, bien évidemment, d’Homère, d’Ésope, de l’Ancien Testament, de Marco Polo et de Christophe Colomb, sans parler des légendes chinoises et japonaises sur les lapins. Non, je ne plaisante pas: la filiation est très sérieuse.

C’est un peu le défaut de ce manga: l’enquête est passionnante, mais incroyablement dense. Si on n’a pas un minimum de références en histoire antique et en culture classique, je pense qu’on risque d’être très vite largué, ce d’autant plus que la trame de l’histoire en elle-même est somme toute assez mince, surtout par rapport au reste. Le dessin est très correct et impeccablement maîtrisé, sans être particulièrement impressionnant.

Un point très positif: la caractérisation des personnages, qui est souvent très poussée et qui leur donne un côté indéniablement humain. Cela contribue, mine de rien, à ancrer la série dans le réel. Ce d’autant plus que, malgré ses côtés occultes et légendaires, l’histoire se déroule sans une once de fantastique – mise à part peut-être la chance phénoménale d’Iriya.

Personnellement, je me suis régalé: les filiations soulevées sont remarquables d’érudition et m’ont pas mal fait réfléchir à ce que j’avais commencé à écrire pour Devoir de mémoire, l’autre campagne Tigres Volants. Les thèmes sont remarquablement voisins, y compris la difficulté qu’il peut y avoir à transposer une telle histoire dans un format divertissant.

Si l’on supporte le format manga – qui à mon avis n’aide vraiment pas quand il s’agit de balancer de l’infodump académique par paquets de douze – et que l’on s’intéresse à l’archéologie d’une part et à l’histoire occulte d’autre part, Dossier A. est une série que je ne peux que recommander chaudement.

Normal, vue la saison…

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