Chimériades 2014

Je ne sais plus exactement qui m’a vendu les Chimériades comme la convention à ne pas rater, mais qu’il en soit mille fois remercié. Sise dans le Château de Buoux, une demeure bâtie entre le XVIe et le XVIIIe siècle entre Apt et Marseille, dans ce qui est maintenant le parc du Lubéron, c’est une expérience!

C’est certes un joli emplacement, mais il a le désavantage d’être loin de tout pour les non-autonomes dans mon genre. Du coup, une semaine avant, c’est un peu la panique pour prévoir une navette automobile compatible avec mes réservations de train. Pour finir, c’est « covoiturage avec les stars », puisque je me retrouve avec Pierre Pevel et Robin D. Laws.

Et ce n’est qu’un tiers des têtes d’affiche de cette édition des Chimériades. La manifestation ne compte pas moins de six invités prestigieux, trois français et trois anglo-saxons: Mayar Shakeri (Les Lames du Cardinal, Space Adventure Cobra et bien d’autres), Loïc Muzy (illustrateur de Sans Détour), les précités Pierre Pevel (auteur du roman Les Lames du Cardinal), Robin D. Laws (Feng Shui, Heroquest, Hillfolk et un million d’autres), Charlie Krank (directeur de Chaosium) et Jeff Richard (Glorantha, Heroquest).

Name-dropping de folie, et ce sans compter la foule des auteurs connus et semi-connus qui ont fait le déplacement, soit pour tenir un stand, soit comme simples participants.

Le jeudi commence dans la cour du cèdre, qui est une cour avec un cèdre. Un gros. Et quand je dis « cour », il faut donc comprendre « cour dans un château médiéval avec un gros arbre au milieu » – cour dans laquelle se déroule dans la soirée le GN Les Lames du Cardinal.

Question décor, ça claque bien pour la cérémonie d’ouverture. Oui, parce qu’aux Chimériades, il y a une cérémonie d’ouverture, lors de laquelle on « ressuscite la chimère ». Certes, ce n’est pas exactement une « cérémonie occulte aux flambeaux », ça veut surtout dire qu’on présente les invités et les activités du week-end.

Nous prenons ensuite un excellent repas au réfectoire. De façon générale, le service restauration a été au top pendant tout ce week-end, à gérer une centaine de geeks affamés (et surtout assoiffés). Et déjà, les premières parties de jeu de rôles commencent pendant que je me pinte consciencieusement l’entendement avec, entre autres, la horde de Suisses qui avaient fait le déplacement (sans que je ne le sache; au temps pour l’organisation helvète).

Du coup, suit pour moi une nuit un peu difficile, surtout parce que je suis en dortoir, avec des lits superposés, et que ce n’est pas évident d’accéder au lit du dessus quand on a mal à l’épaule et qu’on est bourré, mais passons.

Le matin du vendredi, avec une surprenante absence de mal de crâne, je me retrouve à suivre deux excellentes conférences. La première est un question-réponse avec Robin Laws (et Jeff Richard en guest), officieusement intitulé « Ask Robin Anything » et où on peut lui poser plein de questions sur Feng Shui 2, Heroquest, Hillfolk et son boulot de consultant en jeux, entre autres choses.

La seconde, tout aussi passionnante, implique cette fois Pierre Pevel et l’équipe de Sans Détour, sur l’adaptation de son roman Les Lames du Cardinal en jeu de rôles. L’équipe – et Pierre en tête, qui a également été auteur dans le milieu du jeu de rôles dans sa folle jeunesse – y discute de beaucoup d’aspects très intéressants, notamment sur les personnages de fiction; je prends des notes et j’en prends également le lendemain dans sa conférence sur le métier d’auteur.

L’après-midi, je retrouve Robin, d’abord sur son deuxième question-réponse, cette fois-ci sur le rôle du MJ – mais qui implique passablement de questions techniques sur certains de ses jeux – puis je le retrouve plus tard autour de ma « table » Tigres Volants. À défaut de joueurs, je lui présente mon jeu (avec une bonne dose de chocolat suisse, pour mieux faire passer la pilule) et à lui parler des différentes idées.

C’est un des côtés les plus agréables des Chimériades: non seulement il y a des invités de qualité, prestigieux, mais ils sont dans un cadre où ils sont détendus et, du coup, c’est très facile de taper la discute avec eux et d’échanger des idées sur ses propres créations – le genre de conversation à peu près impossible dans le cadre d’un salon ou d’une convention traditionnelle.

Bon, la petite déception, pour moi, c’est de ne pas arriver à placer une partie de Tigres Volants, même pas une petite « bande annonce » de deux heures. Je ne voyais pas l’intérêt de les inscrire à l’avance, vu que je peux les faire à peu près n’importe quand, mais c’était visiblement une erreur. Cela dit, ce n’est pas très gênant, il y a toujours quelque chose à faire, ne serait-ce que des gens à qui parler.

Les conversations tournaient beaucoup autour de deux sujets principaux: le financement participatif (ou crowdfunding) – qui a d’ailleurs fait l’objet d’une conférence de Jérôme Bianquis, du Grog, reprenant en l’étendant celle qu’il avait présenté à Orcidée l’année passée – et les débuts du jeu de rôles, faisant d’ailleurs écho à mes propres lectures, nommément Playing at the World, dont je vous reparlerai prochainement.

Il y avait également deux autres conférences, l’une de Jeff Richard sur le monde de Glorantha et l’autre de Charlie Krank et des Éditions Sans Détour, autour de l’Appel de Cthulhu, ainsi que deux jeux grandeur-nature (ou semi-réels, comme on dit dans le coin), le déjà cité jeu dans le monde des Lames du Cardinal, un autre, plus médiéval, intitulé Méladorchad et une murder dans le monde de Glorantha, Rise of Ralios.

En fait, le seul moment où j’ai joué, c’est le samedi après-midi, à la table de Robin, pour une pré-version de Feng Shui 2 en compagnie de Jérôme et son collègue du Grog, Jean-François, ainsi qu’Éric Nieudan. C’est marrant, mais je crois que c’est la première fois que je joue en anglais.

Sur le jeu en lui-même, c’est une version qui apparaît comme passablement simplifiée; plus de quinze ans se sont passés entre les deux éditions et le style de jeu a évolué. Je soupçonne qu’un certain nombre de ce qui m’apparaissait comme des problèmes du système sont toujours présents, sous une forme ou une autre, mais la version à laquelle nous avons joué est encore en pré-test, elle peut encore pas mal évoluer.

L’univers a aussi évolué pour prendre en compte les dernières années (la grande question qui sous-tendait la jonction temporelle contemporaine, c’était ce qu’il allait advenir de Hong Kong après la rétrocession). Les autres périodes vont elles aussi changer, plus ou moins suivant les cas (indice: les Disjoncteurs gagnent; ce n’est pas une bonne nouvelle).

Le séjour se termine sur la cérémonie de clôture, qui là encore se distingue par une suspicieuse absence de sacrifices humains à des dieux barbares – à moins que ce rôle ne soit tenu par le traditionnel barbecue de Charlie Krank qui fait rôtir des monceaux de barbaque. Ça mange, ça boit, ça discute, ça rigole et ça joue beaucoup, jusqu’au bout de la nuit.

Bon, pas moi, parce que je suis vieux et que le brouhaha de la foule me gave vite, alors après une discute avec Eric Nieudan, Fabien Deneuville, Grégory Privat et d’autres, autour de whisky irlandais et de chocolat suisse, je bâche relativement tôt (une heure et demie du matin, quand même).

Je pourrais bien dauber sur quelques détails, notamment la difficulté pour les non-motorisés dans mon genre de planifier quand arriver et où, et quand partir. Ou le fait que, s’il y avait de la bière, elle était très lambda, mais je suis un chieur sur ce sujet précis (et d’autres, aussi, mais surtout la bière). Mais, en regard de tout ce que cette convention a de génial, c’est microscopiquement mineur.

Alors merci aux organisateurs, merci aux invités, merci aux participants, vous fûtes grands! Et donc, les Chimériades, c’est Grand. Voila.

Chimériades, un jour, toujours!

Note: comme d’hab, ma galerie de photos des Chimériades 2014 sous licence Creative Commons est dispo sur Flickr.

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3 réflexions au sujet de “Chimériades 2014”

  1. Je suis d’accord sur la bière. Pas terrible, oubliable, à peine rafraîchissante, mais elle ne donnait pas mal au crâne. J’imagine que tenir une bouteille à la main donne une attitude stylée, un peu comme avant la cigarette 😉 Et puis Charlie Krank a même offert sa tournée!
    Maintenant, on comprend les orgas; ils ne vont pas risquer de se retrouver avec des invendus coûteux, ou jongler avec les différents tarifs… Ou avoir des soûlards
    Ceci étant, il n’était pas interdit à ma connaissance d’amener sa boistance (oui c’est néologisme. Et il est de moi). J’ai vu passer des gens avec du vin ou de l’hydromel. J’ai moi-même bu de mes propres bouteilles… faut juste être discret! 😉

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    • J’ai moi-même amené des bières de la brasserie BFM, il y a même une photo de Robin D. Laws avec une Torpille à la main.

      Mais si j’avais dû prendre le stock nécessaire à tout un week-end, je n’aurais sans doute plus de dos à l’heure qu’il est.

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